
Luis Alemañy
Iván Ivanovich Safronov (1956-2007), fut un journaliste russe, hautement spécialicé dans les affaires militaires, du journal Kommersant de Moscú, fondé en 1909, fermé en 1917 et, plus tard, refondé en 1989.
Safronov, en 1979, s´était diplômé comme Ingenieur Informatique de l´École d´ Ingenieurs de l´Academie Militaire Dzerzhinsky. Il avait servi comme ingénieur militaire au Comandement 15 près de Ussuriysk, à l´Extrême Orient de la Russie. En janvier 1993 il comença a travailler au service de presse des Troupes Espaciales. En 1997, Safronov se retira du service actif et fut transferé a la Reserve de l´Armée avec le grade de Lieutenant Colonel. En décembre 1997, il devint commentateur militaire dans le journal Kommersant.
Safronov publia sur les changements du leadership de la Défense, sur les problèmes de l´entrainement militaire, et aussi sur la technologie de Défense et les défauts qui apparaissaient pendant les entraînements et que, très souvent, n´étaient pas reconnus ni même pas informés par l´Armée.
En décembre 2006, Safronov a écrit sur le troisième échec succesif du lancement du missile intercontinental Bulaya. Les militaires n´ont pas reconnu l´échec et l´accusèrent réveler des informations classifiées. Les agents du FSB – la nouvelle KGB – l´ont interrogé sobre la difussion d´hypothetiques données confidencielles, mais Safronov leur a revelé la web sur laquelle il avait relevé l´information.
Le 2 mars 2007, le corps d´ Iván Safronov fut retrouvé sans vie sur le trottoir du bâtiment òu il habitait: il avait étè projetté du cinquième étage alors que son appartement de logement était au troisième. En septembre de cette même année, le Bureau du Procureur compétent déclara la mort comme un “suicide” et ordonna l´archive de l´affaire.
Mais le drame de la famille Safronov ne s’arrête pas à ces jours lointains de l’année 2007.
Son fils, Ivan Safronov, également reconnu comme l’un des jeunes journalistes russes les plus en vue, a été arrêté en juillet 2020, accusé de trahison. Un porte-parole du Kremlin a déclaré après l’arrestation que « pour autant que nous sachions, cela n’est en aucun cas lié à son activité journalistique précédente». Kommersant a qualifié les accusations de trahison d’ «absurdes ».
Les enquêteurs ont détecté la présence de « secrets d’État » dans 7 articles d’analyse envoyés par safronov au journaliste tchèque Martin Larysh et à l’analyste politique allemand Dmitri Voronin. Cependant, toutes les informations confidentielles alléguées étaient déjà disponibles sur Internet avant que Safronov n’écrive ses analyses, à l’exception d’une sur les problèmes techniques liés aux tests des satellites de reconnaissance. Cela a été rendu public moins de deux mois plus tard à la suite d’une décision prise par la Cour d’arbitrage de Moscou.
L’analyse de Safronov sur le transfert de chars T-72 et de véhicules blindés BRDM-2 vers la Serbie était basée sur des informations publiées par l’agence de presse d’État russe RIA Novosti et des rapports publiés par le ministère russe de la Défense lui-même.
Maintenant, dans les premiers jours de septembre 2022, Ivan Safronov a été condamné à 22 ans de prison dans l’un des pires cachots de Vladimir Poutine.
« L’impitoyable appareil judiciaire russe tente d’écraser un journaliste talentueux, mais il le fait en vain parce que d’autres le remplaceront. L’accusation totalement incohérente portée contre Ivan Safronov montre qu’il est puni pour avoir fait son travail. Nous condamnons cette condamnation draconienne, injuste et vindicative prononcée par un régime allergique aux journalistes, une condamnation prononcée à huis clos alors que ses avocats ont été empêchés de le défendre » [i]a déclaré Jeanne Cavelier, responsable du Bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF.
Luis Alemañy, 21 de setiembre de 2022
[i] https://www.rsf-es.org/rusia-el-periodista-ruso-ivan-safronov-condenado-a-22-anos-de-prision-por-una-acusacion-incoherente-y-absurda/